C’est avec la lecture du texte d’Yvonne Heilbronner qui ouvre l’ouvrage qu’elle a consacré au Bourg d’en Haut que l’APEC vous souhaite la bienvenue à la visite guidée et dialoguée de Frontière.S
Premier tableau : La frontière dans tous ses états .
1) Les mots clefs : les définitions, synonymes , expressions autour du vocable “Frontière.”
2) Avec les scolaires nous avons évoqué des « frontières » . En commençant par celle de tout individu, la frontière de notre corps notre peau ( voir expressions ) . Poursuivons avec un exemple concernant la vie en famille : notre endroit privé c’est notre chambre et la frontière, sa porte , puis ensuite celle avec le voisinage (les haies, les murs sont des limites , des bornes de séparation) . Pour les confins du territoire de notre commune, ont été évoqués des noms de rues qui “font” frontières, par exemple le chemin des Bornands, pour finir par celles de notre pays (quelles différences, quelles ressemblances avec l’état voisin, monnaie, drapeau, lois, langue etc.)? Comment dans ce dernier cas la frontière est matérialisée ? Des photos de douane, bornes, cartes identité ont répondu à cette interrogation (lire le texte de Queneau cité dans l’expo itinérante)
3)Autres réflexions : pourquoi dit-on le Genevois français ou savoyard ? Et pourquoi autant de doubles nationaux des deux côtés de la frontière ? Puis ce constat : nous avons pu communiquer sans interprète parce que la langue française est parlée en Suisse romande comme en France. Cela nous a permis de nous trouver une histoire commune et a fait le lien avec le deuxième tableau
(Faisons une comparaison avec l’anecdote concernant l’artiste illustrateur Tomi Ungerer citée dans l’exposition itinérante)
Deuxième tableau : Notre région et ses frontières successives au fil du temps .
1) Les mots clefs : Savoie – Sardaigne – Genève -Chapitre de la cathédrale de Genève -Saint Victor -Suisse –France-Zones franches- Zones neutres -Communes Réunies-département du Léman etc..
2)En préambule : Pour “tout savoir”, depuis l’époque celtique, romaine une référence : l’atlas historique du pays de Genève Edition Salévienne . Les préfaces de deux politiques (française1et 2 et suisse 1 et 2) à elles seules, résument déjà fort bien l’histoire compliquée de cette région. Comme, il était évidement impossible de passer en revue toutes les frontières politiques, géographiques, administratives, religieuses qui se sont succédées dans ce “Pays de Genève” : voici ci-dessous, quelques exemples marquants ….et “relativement récents” !
3) Carte du département du Léman: en 1792, les troupes de la révolution occupent la Savoie qui devient française. Six ans plus tard, celles du Directoire s’emparent aussi de Genève et créent le département du Léman qui réunit, pour la première fois depuis plus de mille ans, Genève et le territoire voisin du pays de Gex et de Savoie du Nord dans un même département. Un collongeois deviendra sous-préfet de ce département . Le 17 janvier 1811, Jacob Boutillier de Beaumont est nommé par décret impérial, sous-préfet du département du Léman dans l’arrondissement de Genève. C’est lui qui s’occupait de l’administration du territoire, le préfet du Léman étant lui exclusivement chargé de la surveillance de Mme de Staël à Coppet ( l’ennemie jurée de Napoléon !)
4) 1813-1814-1815 -1816 : l’effondrement de l’empire Napoléonien rebat les cartes …… géographiques ! Genève rallie la Suisse emmenant avec elle certaines communes auparavant savoyardes puis c’est au tour des Communes Réunies de rejoindre elles aussi le tout récent canton de Genève. Les nouveaux tracés des frontières coupent alors des communes (et des familles) en deux.Collonges redevient Sarde et Evordes rejoint la Suisse , Bossey ( Sarde)Troinex ( Suisse)etc….
5) Puis en 1860 La Savoie devient française et est créée dans la lancée une Grande Zone Franche, zone d’échanges commerciaux .Le vote “oui et zone” en Savoie du Nord ayant été la porte de sortie, trouvée par les politiques pour engager la population locale sarde à voter oui pour devenir Français et à oublier leurs velléités à rejoindre la Suisse.
Dans un écrit , Blanche de Beaumont, collongeoise se souvient de cet événement :”J’avais une dizaine d’années lorsque la Savoie fut annexée à la France. Je me souviens fort bien quand le drapeau italien( Sarde) fut remplacé sur l’église de Collonges par le drapeau Bleu, Blanc, Rouge des Français et j’entends encore les cris de “Vive l’Empereur! “à mes côtés ma sœur Adéle très émue elle aussi de cet événement nous a laissé les vers suivants composés à cette occasion.
Grâce la participation de la bibliothèque Paul Tapponnier, des livres représentants toutes les communes participantes ont pu être exposés dans ce tableau. Ils sont accessibles à tous les lecteurs qui en feront la demande d’un prêt .
Pour représenter notre commune : son blason
“une poignée de mains, symbole du bien vivre et de l’amitié individuelle et collective entre Collongeois(es) et nos voisins Suisses.”
Avec les scolaires nous avons mis un accent plus particulier sur la monographie concernant Archamps (écrite en période de deuxième guerre mondiale par des élèves de 11 et 12 ans) .Ont été utilisés des exemples explicatifs de cet ouvrage tout au long de l’exposition. ( pour sa consultation voir / www.mairie-archamps.fr/)
Suit le lien avec le tableau suivant : à sa création la Zone Franche ( Savoie du Nord) était en plus d’être une zone d’échanges aussi une zone de neutralité( comme la Suisse) et ceci jusqu’en 1928 .Mais c’est alors que la notion de frontière jusqu’alors presque invisible aux dires des habitants de la région change car en 1939-1945…..
……Troisième tableau : la guerre ferme les frontières !
1) Mais, avant d’évoquer cette période de guerre nous devons tout d’abord citer les engagements dès 1935, de Marcel Griaule (1898-1956). Ethnologue mondialement connu, il était propriétaire de la Prasle, solide et noble bâtisse située au cœur du vieux Collonges. Elle avait été plus d’un siècle auparavant, la résidence de l’abbé Vuarin qui fut l’ardent défenseur des populations catholiques au moment où les frontières genevoises étaient internationalement délimitées. Lors des visites avec les scolaires, son nom a résonné comme un exemple parfait. A lui seul, pour qualifier ses engagements humanistes, il a illustré, la plupart des vocables cités dans l’exposition du musée de histoire de l’immigration et qui ont été les mots clefs de ce tableau : SDN-ONU -solidarité transfrontalière – exil-accueil – réfugié- apatride -droit d’asile-défense des droits de l’homme- générosité – Croix-Rouge…Murs-frontières- Berlin-Schengen …Mais lisez plutôt….
–Marcel Griaule et les prodromes de la deuxième guerre mondiale
2) Yvonne Heilbronner, auteur du texte lu en “Bienvenue” qui a eu ainsi que sa famille, un début de vie marquée par l’exil et l’immigration politique, avait pu en qualité de réfugiée obtenir un accueil favorable de la part de la Suisse.
De 1940 à 1942, la Haute-Savoie, bénéficie d’une situation favorable pour venir en aide aux personnes qui souhaitent passer en Suisse. En effet, le département, situé en zone Sud, dite “libre”, bénéficie d’une proximité avec la Suisse qui n’est pas en guerre parce que neutre. De nombreux Juifs arrivent dans le département après la rafle du Vel d’Hiv. Mais la plupart des passages de la frontière, qui vont se faire dans la zone Annemasse-Saint-Julien, restent extrêmement dangereux pour le clandestin devenu apatride comme pour le passeur engagé .
3) Les courageux collongeois, Curé Jolivet, Jean Wiedner, Yvonne et Émile Bernard, qui ont aidé de nombreux réfugiés à passer la frontière, de façon clandestine et au péril de leur vie, ont été élevés au rang de Justes d’Israël pour ces hauts faits de résistance.
4)En 39-45, Bernard Anthonioz et les Cahiers du Rhône, quant à eux résistent à leur façon et transgressent la frontière. Ce sont ces “Contrebandiers de la poésie” qui vont “passer” en fraude beaucoup de poèmes subversifs au régime fasciste, afin de les imprimer en Suisse, pour les redistribuer par le chemin inverse en France occupée.
5)Avec le livre « La peau des fesses sur la tête » est évoqué le souvenir marquant de la fin de la guerre d’une collongeoise .Sont convoqués dans ce passage : La Croix – Rouge, la solidarité transfrontalière et le statut de réfugié.
6)Au cours des présentations de l’exposition Frontière.S , a été projeté un témoignage filmé retraçant cet épisode important de la fin de la dernière guerre mondiale qui, s’est déroulé sur notre territoire .Suite aux brûlements du Vuache provoqués par l’armée allemande en déroute, et craignant que le triste scénario se reproduise sur Collonges, Archamps, Bossey : un mouvement de solidarité s’est organisé du côté helvétique . Les frontières alors fermées se sont ouvertes pour permettre aux familles françaises craignant pour leurs vies, de trouver refuge en Suisse. Si parmi vous, lecteurs il y a des personnes ayant vécu cet épisode et ayant envie de le partager avec les auteurs du témoignage : faites-vous connaitre à la bibliothèque : bibli-collonges@wanadoo.fr qui fera suivre aux intéressés.
7)Le mur-frontière de Berlin est une des nombreuses conséquences de la guerre 39-45 . Souvenons-nous d’une définition de la frontière : “La peau : c’est comme une frontière, elle protège l’intérieur du corps de l’extérieur et même temps, elle permet les échanges indispensables à la vie!”….. en conclusion lorsque une frontière est un mur clos, comme il n’y a pas possibilité d’échanges, le lieu fermé pour se protéger, devient vite, un endroit stérile .
Une autre métaphore facile à comprendre : un jardin entièrement clos qui n’a pas de contacts avec la nature environnante ( faune et flore) est lui aussi un lieu sans biodiversité!
Heureusement, la configuration de la frontière Franco-Helvétique permet les échanges, et cela nous donne le lien avec le tableau suivant….
Quatrième tableau: Autour de la frontière :
Les mots-clefs : économie, actions, surveillance, contrôles, échanges et développements
1)Tout d’abord un rappel : en Savoie, l’émigration économique était monnaie courante.
2) Jacob Bouthillier de Beaumont et sa famille ont fait partie des nombreux huguenots français, qui après la révocation de l’édit de Nantes se sont réfugiés à Genève. Si nous savons que dans “ses poches” il avait de l’argent: il était un banquier de Louis XIV! nous pouvons, pourquoi pas aussi imaginer….. qu’il y avait aussi des graines de cardon ! En effet le cardon est un pur produit de la migration protestante !
Sa fortune et sa profession lui ont permis, d’accéder au rang de famille patricienne genevoise, et ensuite d’acheter un domaine en Savoie ( les Genevois les plus aisés devaient assurer les réserves vivrières de Genève coincée dans ses bastions) .Trois siècles plus tard ” le Grand -Collonges “est toujours en la possession de ses descendants qui peuvent encore faire valoir les vieux droits accordés à ces propriétaires englobés ensuite dans la Zone Franche .
3)–Un clin d’œil au Douanier Rousseau (nommé ainsi car ayant travaillé à l’octroi) nous a permis de comprendre comment étaient collectés les impôts sur les marchandises importées Le commerce en Zones Franches en était bien sûr dispensé.
4) Citons ici, un grand pionnier de la coopération transfrontalière, Edmond Boissier, qui fonda en 1911 les Laiteries Réunies de Genève. cette entreprise, permit de sauver la paysannerie franco-Valdo-genevoise.Edmond Boissier était issu d’une famille huguenote, réfugiée à Genève et alliée avec toutes les familles patriciennes de cette ville. Il a été vice-président de la Croix-Rouge et son fils en a assuré la présidence. La monographie d’Archamps nous rappelle l’importance de sa fruitière qui regroupait les récoltes de lait d’Archamps de Collonges et de Bossey pour ensuite les reverser aux Laiteries Réunies .
-4)A l’époque, les automobiles étaient rares et les populations voyageaient en tram. Les liaisons étaient déjà transfrontalières .Et avec l’évocation du tramway le moyen de transport du temps des loisirs, arrive le lien avec notre dernier tableau.
Cinquième tableau : Les loisirs et la culture transfrontaliers
-Mots clefs: loisirs- culture- biodiversité transfrontalière.
Pour illustrer une très pertinente phrase tirée du texte de la participation de la Salévienne à l’exposition Frontière.S : ” La notion de frontière est souvent ni politique ni géographique, mais plutôt une question de mentalité !” Voici plusieurs exemples qui dénotent heureusement d’ un bon état d’esprit transfrontalier !
1)En 1883, Charles Reymond, instituteur à Compesières fonde la Fanfare de Compesières et Collonges-sous-Salève. Elle cesse de fonctionner en 1908, mais en 1912, elle est relancée sous le nom de Fanfare de Compesières par Jules Balthazard, qui en sera le président jusqu’en 1938. En veilleuse pendant la 2ème guerre mondiale, elle devient Fanfare de Plan-les-Ouates en 1955, mais plusieurs de ses musiciens habitent la commune de Bardonnex.
Source : Émilien Grivel Mémoire de Bardonnex
2)Le secours en montagne et son comité double national (1897)
En 1847, décède dans la grande Gorge (Bossey) le jeune Genevois, Charles Tissot, puis en 1886, C-Moïse Briquet fut témoin d’une chute mortelle au Pas des Chèvres, constatant le peu d’organisation pour porter du secours en montagne, il fait des propositions pour pallier à ce manque au club Alpin, elles resteront lettre morte, il faut attendre 1897 pour que soit fondée : « LA SOCIETE DES SAUVETEURS VOLONTAIRES DU SALEVE »
C’était une première mondiale car même dans les plus grandes stations Alpines, aucun corps de sauveteurs n’était constitué. On compte cinq fondateurs, Français et Suisses, Mrs Crochet, Guy, Dr Lardy (inventeur du brancard), Pisteur, Siegenthaler.
Ce n’est qu’en 1967 qu’elle se nomme : Le Secours en montagne
Sébastien Amomo (cordonnier au Coin, 1897) est un des grands noms Collongeois des sauveteurs volontaires, son fils René et son petit-fils perpétueront son engagement.
3) Les documents de travail concernant les corridors verts et bleus sont communs aux deux pays Suisse et France Fichier :Téléchargez la brochure pédagogique qui a été éditée dans le cadre du projet INTERREG IIIA France/Suisse «Les corridors biologiques : pourquoi et comment les prendre en compte». Elle explique les enjeux des corridors biologiques et invite les citoyens à agir, en ville comme au jardin.
4)l’atelier transfrontalier : Les deux associations, TRICROCHET (association Genevoise) et l’APEC (association Collongeoise) animent en binôme transfrontalier, des ateliers proposant la création d’ouvrages collectifs.Dernièrement, l’ouvrage qu’elles ont choisi de réaliser, est celui d’une cartographie de notre territoire transfrontalier, vu sous l’angle des loisirs (cultures + sports)Notre consigne aux participants « Faites un geste pour la nature : recycler vos sacs en plastique en crochetant, tissant ou tricotant des liens transfrontaliers ! » ( En savoir plus : Questionnaire. frontière et l’APEC et l’atelier
5) Au Moyen âge, les deux communes de Bardonnex et de Collonges sous Salève, maintenant séparées par une frontière étaient toutes deux Savoyardes ! C’est pourquoi : dans le cadre des journées du Patrimoine de Pays et des Moulins ayant pour thème l’année 2015 : « Le Moyen-âge encore présent ». Les associations « des Seniors », et de « la Mémoire de la commune » Bardonnex » (Suisse), ainsi que l’APEC Collonges sous Salève(France) vous ont conviés à une visite médiévale transfrontalière
Une dernière métaphore faisons en sorte que nos territoires frontaliers, soient comme les zones humides, qui sont à la frontière de deux écosystèmes, entre un milieu sec comme une prairie ou un pré et un milieu humide comme un lac ou la mer …… ……de formidables réservoirs de biodiversité !
Et pour conclure cette célébration de nos frontières, évènement transfrontalier riche en rencontres. L’APEC, la bibliothèque Paul Tapponnier sous la coordination de la Maison du Salève, vous informe de la sortie « Patrimoine et environnement » du 16 juin 2018 : Une balade transfrontalière :Au fil de la Drize en savoir plus