« Arbres, entre pratiques agricoles traditionnelles et biodiversité »

Visite guidée à Collonges le samedi matin 26 juin 2021 

« Arbres, entre pratiques agricoles traditionnelles et biodiversité » dans le cadre des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins 2021, « l’Arbre , vie et usages »

1. RV. Salle du Fer à Cheval-

Cette visite, guidée par Emeric Gallice (ingénieur en gestion de la nature), a regroupé une dizaine de personnes inscrites sur le site l’APEC. (photo 1)

 

2. Sentier des chênes
2. Chemin des chênes

Lors de la remontée de l’allée du chemin des Chênes (photo 2) , Emeric explique comment reconnaître un Chêne qui abrite le Grand Capricorne (photos 3 et 4), un curieux insecte coléoptère caractérisé par de très longues antennes, d’une dizaine de cm.  L’adulte se nourrit de sève et de fruits mûrs et ne vit environ que quelques semaines à quelques mois… alors que sa larve, qui vit 2 à 4 ans, creuse des galeries dans le bois  qu’elle consomme. !  Son cycle de vie se déroule souvent sur le même arbre (illustration sur la photo 5).

On peut très bien voir sur le tronc du chêne des trous ovales accompagnés de coulées de sciure

Ce sont les portes d’entrée de la larve du Grand Capricorne.  Il faut savoir que les larves ne s’attaquent qu’au bois dépérissant de chênes déjà affaiblis. Ainsi elles assurent leur recyclage lorsqu’ils sont en fin de vie , le bois mort retournant à la terre qu’il enrichit.

Le Grand capricorne est protégé au niveau européen depuis 1993 par la Directive Faune Flore car il a subit une forte régression suite à la disparition des arbres sénescents de manière globale en Europe.

Nous nous arrêtons le long d’une haie qui sépare le sentier d’une prairie et réfléchissons aux multiples rôles des haies qui sont essentielles à l’agriculture et au cycle de la nature :

7. Haie

– stocker l’eau et par évaporation la restituer aux cultures,

– « briser » le vent réduisant ainsi l’érosion et la verse des cultures (tiges couchées par le vent),

– fixer le sol évitant ainsi les glissements de terrains,

– abriter les animaux et leur offrir de la nourriture…
– … et dynamiser les paysages !

Alors  qu’elles permettaient également autrefois de faire des clôtures naturelles pour le bétail, d’offrir des petits fruits (mûres, groseilles, sureau, etc, qui étaient utilisés par les exploitants et leurs familles),  elles ont été détruites en grande quantité lors des remembrements des terres agricoles, suite à l’apparition de l’agriculture conventionnelle (ou industrielle), qui grâce à l’énergie abondante, peut produire et transporter engrais, pesticides et eau dans les champs.
… heureusement, aujourd’hui on prend conscience de leur utilité,  les protéger et les replanter sont vraiment des nécessités !

On peut voir au loin la route du Poirier à l’Âne bordée de Saules têtards (photo 8). Leur aspect  très caractéristique est dû à une taille « en trogne » réalisée régulièrement  qui provoque des bourrelets de cicatrisation. Cette forme de taille particulière est pratiquée généralement sur les saules capables de devenir des arbres comme le Saule blanc et le Saule fragile. La taille consiste à couper systématiquement toutes les branches à environ 1,5 ou 2 mètres de hauteur.

Cette pratique agricole ancestrale permettait de fournir du petit bois de chauffe, du feuillage pour nourrir le bétail ou des tiges pour faire de la vannerie (l’osier),  pour stabiliser les terrains humides, délimiter les parcelles. Ces arbres abritent toute une biodiversité d’intérêt, notamment des espèces de champignons, oiseaux et insectes. Ils offrent toujours un refuge pour certains animaux (comme les Chouettes Chevêche dans ses cavités) … et de l’ombre !.

On a pu voir un beau spécimen de Saule têtard dans l’allée des Chênes ! (photo 9).

 

La visite se termine sur le verger du Coin (photo 10) , un verger

10. Verger du Coin

communal d’anciennes variétés de fruits qui avaient été planté par les élèves de l’école de Collonges en 2005 dans le cadre d’un programme de conservation des vergers haute-tiges, grâce à 2 associations (Appolon 74 et les Croqueurs de pommes) , le SMS et la mairie.

Les vergers haute-tiges étaient constitués d’arbres “haute-tiges”, c’est à dire dont les premières branches principales (les charpentières) sont situées à environ 1,2 mètre de hauteur. Ils ont été remplacés dans les vergers de production actuels par des arbres fruitiers basse-tiges, c’est à dire dont les premières charpentières sont entre 30 et 50 centimètres de hauteur car il est plus facile de ramasser les fruits sur ces arbres plus petits, qui poussent et produisent plus vite également. Mais alors pourquoi ne pas avoir planté des arbres basse-tiges plus tôt ? Tout simplement, car dans les vergers, on valorisait également la prairie qui poussait sous les arbres, pour du pâturage.

Les vergers haute-tiges sont, aujourd’hui, en partie conservés et replantés car ils hébergent une avifaune et une entomofaune très riches. On peut, par exemple, citer la rare Chevêche d’Athéna, le Rougequeue à front blanc ou encore le Torcol fourmilier.

Suite à des demandes de protection de ce lieu par  l’APEC, la mairie avait accepté en 2019 de l’interdire au stationnement des voitures et de le remettre en état.

… et on peut voir  maintenant une prairie riche en biodiversité qui pousse entre les arbres fruitiers !

On se quitte dans ce beau verger après une balade patrimoniale très intéressante… merci Emeric pour tes grandes connaissances sur la Nature!!… et dans une ambiance fort sympathique.