Dans le cadre des Journées du Patrimoine des Pays et des Moulins, qui fêtaient sa 25ème édition au niveau national, l’APEC a organisé cette année une balade commentée à la découverte de notre patrimoine le samedi 24 juin 2023. Un grand merci à notre guide Françoise Ujhasi qui a préparé le parcours avec l’aide de 2 autres membres du CA de l’APEC, Fabienne et Marie-Hélène.
Par un beau ciel bleu, notre balade a commencé à la salle des Fêtes de Collonges, ancien lieu où se trouvaient auparavant la cure et le cabinet des docteurs avant que ce ne soit rasé et remplacé par la salle des Fêtes et le gymnase.
Nous commençons par une halte à l’église de Collonges.
Nous avons également eu la chance d’avoir parmi les participants Heins Schrey, président du Fil d’Ariane, qui nous a parlé de l’harmonium retrouvé dans l’église de Collonges et même joué un petit morceau sur cet instrument d’époque.
Savez-vous que contrairement au piano, il n’est pas nécessaire d’accorder un harmonium ?
Cet instrument fonctionne sur le principe de l’accordéon ! L’Harmonium est un orgue à anches vibrant sous l’effet de l’air envoyé par des soufflets. Le son est produit par la vibration d’une colonne d’air.
La construction de l’église actuelle est l’œuvre du curé Jean-François Maistre (1803-1870), ancien élève de la faculté de médecine de Paris ordonné prêtre en 1830, passé par Bonneville et La Roche sur Foron avant de rejoindre la paroisse de Collonges, en 1845. L’Eglise, datant de 1850 a été consacrée en 1852. L’église de Collonges a été construite par l’architecte genevois Jean-Marie Gignoux, qui réalisera aussi la basilique Notre Dame de Genève.
L’abbé Marius Jolivet en sera lui le curé de 1941 à 1964. En 1987 l’état d’Israël lui décerne la médaille des Justes, en mémoire des actions héroïques qu’il a menées pendant la période de l’occupation, toujours au péril de sa vie. Car sous le nom de code de « Pierre III », Marius Jolivet était aussi membre du réseau de résistance Ajax et « boîte aux lettres » des services de renseignements américains en Suisse, le fameux OSS (Office of Stratégic Services).
En 1944, pensant être découvert, le curé de Collonges ne dort plus au presbytère, mais à l’orphelinat des Filles de la Charité, caché dans une chambre « secrète » aménagée au-dessus de la buanderie, derrière des malles et des matelas. Cette chambrette était reliée à l’entrée par une clochette. En cas de danger, une issue donnait sur le jardin.
Verdi
C’est dans l’église de Collonges que le recteur Gaspard Mermillod, curé de N-D de Genève et futur Cardinal a marié en 1859 le musicien Verdi avec la cantatrice Guiseppina Strepponi assisté de J.F. Maistre, alors curé de cette paroisse.
Lamartine
Il est l’auteur du poème le plus connu sur le Salève, dédié à son épouse, l’artiste-peintre Mary-Ann Birch et publié en 1825 dans le recueil Dernier chant du Pèlerinage d’Harold.
Te souviens-tu du jour où, gravissant la cime
Du Salève aux flancs azurés,
Dans un étroit sentier qui pend sur un abîme
Nous posions en tremblant nos pas mal assurés ?…
Couvent des Filles de la Charité
Bâtiment du couvent des sœurs de la charité de St Vincent de Paul, orphelinat fondé en 1833 par le curé Vuarin, né à Collonges en 1769, au domaine de «la Prasle». En 1797, il est ordonné prêtre catholique à Genève, ville où il avait trouvé refuge auprès de Mme de Beaumont au moment de la révolution française.
A la sortie de l’église se trouve la Maison du sculpteur
Armand Perriard. Fribourgeois installé à Collonges après son mariage, en 1985, ce plombier a fait toute sa carrière aux PTT suisses, comme spécialiste du câblage. Prolongeant son métier d’origine, plombier, il s’est aussi spécialisé dans la création d’œuvres d’art réalisées à l’aide de plomb et d’étain. Aujourd’hui propriété de la commune.
Juste à côté se trouve une belle” Maison forte Savoyarde”, qui est déjà répertoriée dans la Mappe Sarde de 1730,
cette habitation que Mr Claude Berthollet notable collongeois, notaire royal, bourgeois de la ville d’Annecy et sa famille (aïeux du célèbre chimiste Claude-Louis Berthollet 1748-1822) ont restauré
et habité, fut acquise en 1856 par Mr Henri Bouthillier de Beaumont.
Cette maison forte va subir d’importantes transformations. Henri de Beaumont fait adjoindre deux ailes au bâtiment, à gauche une salle à manger et une bibliothèque, à droite un escalier intérieur, des salons et des chambres à coucher. Ajoutez à cela des bâtiments abritant les chevaux puis les voitures, ainsi, plus bas encore, qu’une ferme qui a brûlé dans les années 1920 et ne fut jamais reconstruite. En 1917, par le mariage d’André Patry avec Hélène Bouthillier de Beaumont, cette Maison forte entre dans le giron de cette illustre famille genevoise les Patry.
La balade se poursuit ensuite au Bourg d’en Haut, le long du chemin des Chênes, il y a le château dit « Le Grand Collonges ». Cette ancienne propriété des barons Villard, des nobles retournés à la paysannerie, a été acquise d’abord par le représentant d’une grande dynastie de la Cité de Calvin, Pierre Fabri, puis par une Genevoise au destin extraordinaire (avec un management novateur, elle emploie plus de 1200 artisans dans la Cité de Calvin, ce qui fit d’elle la deuxième fortune de Genève.). Elle fit bâtir, en 1677 sur une ancienne bâtisse détruite, la partie centrale de la « Grande Maison ». En avril 1710, la propriété du Grand Collonges est achetée par une famille de huguenots français réfugiés à Genève qui va faire souche sur ces terres au pied du Salève (Bouthillier de Beaumont). Le riche négociant Louis Bouthillier de Beaumont (1663-1723) achète en 1710 un vaste domaine à Collonges-sous-Salève. La principale production de ce vaste domaine fut la vigne et le vin, ruinée par l’arrivée du phylloxera à la fin du XIXe siècle.
Classé depuis juillet 2000 monument historique.
Famille de peintre
Gabriel de Beaumont (1811-1887) Il sera à l’origine d’une véritable lignée de peintres, avec son fils Auguste (1842-1899), sa fille Pauline (1846-1904) elle connaît le succès à l’Exposition Nationale de Genève, en 1896, et à l’Exposition Universelle de Paris, en 1900, et son neveu Gustave (1851-1922) fils d’Henri de Beaumont.
Nous avons la chance de rencontrer Luc Franzoni qui nous invite à visiter le parc du château avec ces magnifique cèdres dont un permet à une ronde de 6 personnes d’en faire le tour. Il nous enrichit de ses connaissances sur l’histoire de sa famille et du lieu.
Nous poursuivons notre visite par le Fer à Cheval
Anciennement appelée « Tempérance ».
En 1906, la famille De Beaumont l’a érigée, puis offerte à la commune en Avril 1933 pour servir de lieu de culture et de fraternisation . Outre la fonction d’aider, en les informant, les habitants à combattre l’alcoolisme qui sévissait alors à Collonges ( on le disait surtout féminin ! ) Mr et Mme Franzoni-Boissier y ont fondé au début de la deuxième guerre mondiale : le premier ouvroir de France (centre de préparation et d’envois de colis destinés aux militaires) on y a aussi enseigné le catéchisme protestant, organisé des réunions à données culturelles et historiques et même une salle de cinéma. Depuis 1988, ce lieu est principalement dévolu au Petit Théâtre du Salève.
MaisonTapponnier
Cette demeure était la propriété de cet ancien maire de Collonges, Paul Tapponnier, écrivain historien érudit et novateur : dans les années 1920, il crée avec succès un syndicat d’initiative à Collonges !
Sa maison appartient à la Mairie et accueille aujourd’hui le cabinet médical dont l’extension est en cours.
Christiane Da Costa nous raconte les souvenirs de son enfance au Domaine de La Prasle dont ses parents maraichers s’occupaient et nous situe la ferme de son oncle qui se trouvait auparavant derrière la maison Tapponnier.
La balade se termine à la Place de Savoie où il est raconté la rédition du président d’Espagne en 1936 dans l’ancienne demeure de La Prasle qui appartenait à l’époque à Marcel Griaule, célèbre ethnologue, qui avait accueilli le président Azagna à l’époque de Franco.
Cette balade n’a montré qu’une partie du riche patrimoine de Collonges-sous-Salève. Ce sera l’occasion d’autres balades à venir…