Les couloirs de la nuit est une exposition originale qui invite les curieux à se plonger dans l’univers des animaux nocturnes et de leurs déplacements dans l’obscurité. Destinée au grand public, et notamment aux familles, elle a été conçue dans le cadre du Contrat corridors biologiques « Champagne-Genevois ». Présentée à la Maison du Salève jusqu’au printemps 2017, elle permet aux visiteurs de découvrir avec poésie la nature qui s’épanouit la nuit… ainsi que les impacts des éclairages artificiels sur la faune et sur nos rythmes de vie.
« Les couloirs de la nuit » est une exposition poétique et sensible : munis d’une lampe de poche, entrez dans l’univers secret des animaux nocturnes qui peuplent les forêts, les bords des rivières et les villes. En découvrant la richesse de l’obscurité, propice aux discrets déplacements de la faune, vous réaliserez pourquoi les éclairages qui nous paraissent si rassurants peuvent devenir des redoutables obstacles pour de nombreuses espèces.
Cette exposition à visiter en famille a été conçue dans le cadre du Contrat corridors biologiques « Champagne-Genevois ».
Afin d’être découverte par le plus grand nombre, elle est aussi déclinée sous une forme itinérante, c’est cette version que l’APEC a présentée du 13-02 au 24-02-2017 à la Salle des Fêtes de Collonges
Un corridor biologique, qu’est-ce que c’est ? Les corridors biologiques – fil rouge de cette exposition – sont des voies utilisées par la faune dans ses déplacements lorsqu’elle doit se nourrir, se reposer ou se reproduire. En aménageant le territoire, les activités humaines peuvent interrompre ces cheminements : à terme, les populations isolées sont menacées.
Les éclairages artificiels constituent un exemple particulier de ces obstacles : ils bouleversent le cycle naturel du jour et de la nuit : on parle alors de « pollution lumineuse ».
Aujourd’hui, la préservation des espaces naturels ne suffit plus pour préserver la biodiversité. Il est nécessaire de permettre à la faune de circuler librement la nuit, dans l’obscurité dont elle a besoin. Pour cela, il nous faut sauvegarder des espaces de circulation nocturne pour les animaux, les corridors noirs.
Trop d’éclairage nuit !
“Il ne s’agit pas de s’opposer à tout éclairage artificiel mais de promouvoir des modes d’éclairages doux et raisonnés dans le respect de l’environnement. !”
Un éclairage excessif entraine un gaspillage d’énergie .Éclairer juste c’est consommer moins mais c’est aussi polluer moins !
en savoir plus sur les catégories d’éclairages urbains
Nous devons donc éclairer mieux pour…….
Economiser l’énergie : L’éclairage public contribue également de manière forte aux pics de consommations de la de fin de journée en période hivernale, lorsque la demande en électricité pour les chauffages électriques et les activités domestiques est déjà importante. Il est généralement admis que le potentiel d’économies d’énergie pour l’éclairage public est au minimum de 30 %. Parmi les gisements les plus importants se trouvent la suppression des éclairages superflus, la suppression des ampoules les plus énergivores, le remplacement des vieux lampadaires par de nouveaux modèles évitant la dispersion inutile de lumière vers le ciel ainsi que dans la régulation des durées d’éclairage en fonction des besoins réels (pose d’horloges astronomiques et extinction en milieu de nuit).Actuellement, l’évolution de la technologie permet un éclairage de moins en moins gourmand en énergie. Il serait souhaitable que ce progrès soit, non pas un moyen pour éclairer plus à prix égal, mais au contraire permette de réaliser des économies d’énergie en éclairant moins. Ces économies sont nécessaires dans un contexte de réchauffement climatique et de réduction des gaz à effet de serre.
Protéger la biodiversité :Tous les groupes d’insectes sont attirés et piégés par les lumières artificielles au point de mourir d’épuisement quand ils ne sont pas grillés au contact de la chaleur. Les études montrent une diminution importante de la diversité et du nombre d’individus dans les zones éclairées. Les insectes ont un rôle essentiel dans les écosystèmes par leur place dans la chaîne alimentaire, et comme pollinisateurs sans lesquels beaucoup de plantes seraient stériles. La surmortalité des insectes due à l’éclairage artificiel a donc des conséquences très préoccupantes
Une grande majorité des mammifères sont nocturnes, ils possèdent un système de vision basé en grande partie sur des cellules en bâtonnets très sensibles à la lumière. La rencontre avec une zone éclairée cause un éblouissement qui les rend vulnérables (plus de visibilité pour leurs prédateurs, collisions avec des voitures, etc.). L’évitement des zones éclairées conduit à des ruptures de continuités écologiques. Il est donc conseillé d’éviter les éclairements continus et d’espacer parfois les lampadaires pour créer des zones sombres qui permettent à la faune de circuler. Au même titre que le maintien d’une trame verte et bleue, est préconisée une trame bleue-nuit pour une bonne fonctionnalité des écosystèmes.
D’autres espèces, même si elles sont diurnes, ont besoin d’une nuit non perturbée dans certaines étapes de leur vie : c’est le cas de nombreux oiseaux migrateurs qui volent de nuit sur de grandes distances en s’orientant grâce aux champs magnétiques et aux étoiles. Il est maintenant bien établi que la lumière artificielle, et notamment le halo lumineux au-dessus des agglomérations, attire et désoriente les oiseaux migrateurs.
Les exceptions qui confirment la règle : certaines espèces sauvages se sont adaptées aux conditions artificielles des villes car elles y trouvent des compensations en termes de nourriture ou d’abris. C’est le cas des pigeons, des étourneaux ou, parfois, des renards .Chez le pigeon, il a été montré que l’éclairage artificiel est à l’origine d’une reproduction tout au long de l’année comme pour les poules dans les élevages en batterie. Sans préjuger de l’effet réel de l’éclairage artificiel sur ces espèces commensales, leur tolérance ne doit pas nous faire oublier les effets nocifs sur la majorité des organismes vivants.
Garantir une meilleure qualité de vie :nous avons besoin du confort de la nuit. La gêne occasionnée par un éclairage extérieur trop fort diminue la qualité du sommeil l’éclairage artificiel, lorsqu’il n’est pas souhaité, peut devenir une source d’inconfort. Les éclairages publics mal orientés qui inondent les façades des habitations sont une source de conflits avec les municipalités : les habitants, privés de nuit, se voient obligés de fermer les volets, même lors des chaudes nuits d’été. Par ailleurs, l’homme, au même titre que les autres animaux, subit l’impact d’un éclairage artificiel qui influence ses mécanismes physiologiques L’évolution vers des éclairages à LED à forte luminance et des éclairages émettant dans la partie bleue du spectre constitue un facteur de risques pour la santé L’exposition à la lumière blanche (halogénures métalliques, LED…), trop proche de la lumière du jour, est à éviter la nuit car elle a une composition spectrale avec des pics d’émission dans le bleu et perturbe ainsi les organismes vivants. Ce même rapport relève, par ailleurs, la toxicité particulière pour la rétine de la lumière bleue trop intense à différents titres. Parce que l’éclairage public produit en effet, en moyenne 109 g de CO2 par kWh consommé, il contribue à la propagation des maladies dues aux expositions aux gaz à effet de serre. Éclairage public et sécurité : l’aspect sécuritaire est mis en avant par les fabricants de matériel d’éclairage pour justifier l’éclairage public. Même si dans certains cas le bénéfice est réel, cet argument est à relativiser car il ne sera jamais possible ni souhaitable, d’éclairer partout de nuit comme s’il faisait jour. Les études de criminalité ne montrent pas de corrélation positive avec l’éclairage .Concernant la protection des biens, 80% des cambriolages ont lieu durant la journée entre 14 et 16 h 15. Un système de détection de mouvement, qui déclenche allumière en cas de présence, peut s’avérer plus dissuasif qu’un éclairage continu.
Préserver le ciel nocturne : L’observation du ciel nocturne a toujours fasciné l’humanité et on la retrouve au fondement de toutes les civilisations ; elle reste une source de méditation philosophique sur l’infini de l’univers et sur notre place dans le monde. L’éclairage inconsidéré des zones urbanisées prive une large majorité de nos concitoyens de ce spectacle irremplaçable. Un éclairage adapté permettrait pourtant de voir la voie lactée en pleine ville comme à Tuxon aux USA. Le ciel nocturne est également recherché, pour des raisons plus scientifiques, par les astronomes, très gênés pour réaliser leurs observations à travers le halo qui émane des agglomérations. Ils n’utilisent plus que les observatoires construits en altitude et dans des zones désertiques. Quant aux astronomes amateurs, ils doivent souvent faire de longs trajets pour s’éloigner de la pollution lumineuse. Pourtant, l’astronomie connaît un engouement de la part du grand public, confirmé par le succès grandissant de la nuit des étoiles et du Jour de la Nuit
Sources de ce document FRAPNA, Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes, avec la participation technique de l’ADEME.
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