Que deviennent nos HAIES ?
– Dans nos campagnes :
Les haies présentes dans les bocages de certaines de nos campagnes, en plus d’un rôle esthétique participant à un cadre de vie agréable, jouent un rôle écologique primordial.
Elles freinent le vent, réduisant ainsi l’érosion et l’évaporation des cultures, elles consolident les sols grâce à leurs racines, elles les protègent lors de sécheresse et lors de grosses pluies. Une expérience intéressante sur l’incidence et l’importance des arbres, et donc des haies, en cas d’inondation nous est proposée sur ce site :
https://www.youtube.com/watch?v=I3nMj2FOfE8
Les racines forment une véritable éponge qui peut absorber et retenir les eaux, notamment les eaux chargées des sels azotés des engrais. Les haies forment ainsi un écran végétal de stockage des nitrates, évitant la pollution des rivières (néanmoins, ce rôle varie en fonction de la saison et de la structure des haies) .
Sur le rôle des haies dans la dénitrification et la dégradation des pesticides, on peut visiter ce site :
http://www.paysans-creactiv-bzh.org/imgbd_panierequal/File/public/Bois-Energie/Haies-et-eau.pdf
Par l’ombre qu’elles produisent, elles réduisent les écarts de température, ce qui est des plus intéressants dans le cadre du réchauffement climatique.
Les haies sont par ailleurs des lieux de vie pour toutes sortes d’espèces animales : insectes (dont certains régulent les espèces ravageuses des cultures), oiseaux, hérissons, lièvres… Elles constituent de vrais corridors biologiques pour le passage de la faune et leur sert de refuge.
Et pourtant près de 70% des 2 millions de kilomètres de haies vraisemblablement présents en France à l’apogée du bocage (1850-1910) ont été détruits entre 1960 et 1980 (soit 1,4 million de kilomètres) lors des remembrements, de la mécanisation et de la course à la rentabilité. Dans nos campagnes, en 17 ans, plus du tiers des oiseaux ont disparu, en partie incapables de nicher et de se nourrir comme avant.
– Autour de nos maisons :
Avez-vous vu et entendu chanter des oiseaux dans des haies de thuyas ? pourtant tellement appréciés en cette période de confinement !
Les haies de thuyas, laurelles… faites d’une seule variété, toutes exotiques, poussent vite et sont des brises-vues efficaces et denses… mais stériles, n’abritant pas de fleurs donc très peu de nourriture pour les animaux… et que dire des cambrioleurs qui sont à l’abri pour « travailler » ? … des voisins ou des promeneurs à qui on ne pourra pas dire « Bonjour ! comment allez-vous ? le confinement, pas trop dur ?! » Proverbe Italien |
Alors qu’une haie constituée de différents arbustes sauvages indigènes (buis, if, troène, charme, cornouiller, noisetier…) fleurit à différents moments de l’année, produit des fruits et des graines variés, et permet à beaucoup d’espèces (papillons notamment) d’accomplir leur cycle de vie. Elle abrite une foule d’oiseaux et petits mammifères participant à la chaîne alimentaire, elle fournit des tisanes, des champignons parfois…
D’un point de vue sanitaire, ces haies diversifiées résistent bien mieux aux maladies (on voit d’ailleurs aujourd’hui des haies de thuyas se dessécher) et il est possible d’obtenir des haies denses et brise-vues avec des essences locales.
Que planter pour avoir une belle haie champêtre autour de sa maison ? comment ? quand ? en quoi est-ce utile pour l’environnement ? De nombreux sites internet et jardineries pourront vous orienter. Visiter ce site : https://blog.defi-ecologique.com/haie-champetre-particuliers-esthetique-biodiversite/
Néanmoins… soyons optimistes!
Un versement d’aides de la PAC (politique agricole commune) pour encourager le maintien d’éléments pérennes du paysage (haies, bosquets, mares) a été mis en place depuis 2005.
Sur les aides de la PAC, on peut visiter ce site : http://www.finistere.gouv.fr/Politiques-publiques/Agriculture-foret-et-developpement-rural/Coordination-des-controles/La-conditionnalite-des-aides/Les-haies-dans-la-PAC
Attention, la Ligue de Protection des Oiseaux recommande pour la Haute Savoie de réaliser les travaux d’entretien (élagage) des haies en dehors de la période de reproduction des oiseaux de mi-avril à mi-août (en Allemagne par contre, cette recommandation va du 1er mars au 30 septembre).
Collonges-sous-Salève, dans son PLU, modification No 1 a précisé les exigences concernant les haies, pages 29, 48, 68, 106 …« les clôtures seront composées de grilles, grillages, de haies vives d’essences locales et/ou d’un système à claire-voie, l’ensemble ne dépassant pas une hauteur maximale de 1,80 m ».
Le promeneur, l’habitant et la collectivité se soucient beaucoup plus aujourd’hui de leur cadre de vie, d’un environnement sain, de la richesse du paysage et de la qualité de l’eau. La suppression à grande échelle des haies et arbres champêtres épars, notre patrimoine naturel, est aujourd’hui révolue. Le développement des actions de plantations (environ 2 500 km plantés en 1997), même si elles ne compensent cependant pas la suppression des haies et des arbres épars, est le reflet d’une évolution des consciences écologiques.